Résumé
L’objectif de cet article est double. Premièrement, il reconstruit la phénoménologie africana, en retraçant les élaborations philosophiques de Lewis R. Gordon, tout en rendant compte de l’influence sur son oeuvre de figures telles que Frantz Fanon, Jean-Paul Sartre et Søren Kierkegaard. On montre les conséquences de la refonte par Gordon de la notion husserlienne de mise entre parenthèses sur sa pensée politique et sa critique sociale. Deuxièmement, on met en évidence chez Gordon, ainsi que chez de nombreuses figures intellectuelles noires contemporaines de premier plan, une option préférentielle pour une politique démocratique radicale qui met l’accent sur la créativité et la coalition plutôt que sur l’inimitié et l’opposition. Enfin, cet article soutient que si les notions de violence et d’autodétermination ne sont pas populaires dans la pensée noire actuelle, elles font intrinsèquement partie de la tradition radicale noire. Par conséquent, elles gagneraient à être réinvesties par la philosophie et la phénoménologie africaines.
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